
Certaines situations nous bouleversent plus que de raison. Un regard, une remarque, un silence… et tout explose à l’intérieur. Ce n’est pas simplement ce qui s’est passé qui nous fait souffrir. C’est ce que nous en avons fait intérieurement, parfois sans même nous en rendre compte.
Et c’est là toute la subtilité :
Nous confondons souvent le fait brut, observable et partagé par tous, avec l’expérience intérieure, façonnée par notre histoire, nos croyances, nos schémas et nos blessures.
Il est essentiel de comprendre que nos émotions ne sont pas causées directement par les événements, mais par les pensées que nous formons à leur sujet.
Ces pensées, souvent automatiques et invisibles, portent la mémoire de notre passé, nos attentes, nos insécurités. Et ce sont elles, plus que le monde lui-même, qui colorent notre réalité émotionnelle, et influencent nos réactions.
C’est précisément ce que nous permet d’explorer un outil aussi simple que puissant : le schéma Fait → Pensée → Émotion → Réaction.
Ce modèle est utilisé dans de nombreuses approches psychothérapeutiques contemporaines — des thérapies cognitives et comportementales (TCC) à l’ACT, en passant par la communication non violente. Toutes partagent cette conviction : le travail commence quand on apprend à différencier ce qui s’est passé de ce qu’on en fait intérieurement.
La pleine conscience, telle que je l’enseigne et la pratique, n’est pas une tentative de contrôler ce que l’on pense ou ressent, mais une façon d’observer, sans jugement, le moment où une pensée naît, de voir comment elle entraîne une émotion, puis un comportement — et ainsi de reprendre contact avec l’espace de liberté qui précède la réaction.
Dans cette approche, on ne cherche pas à devenir insensible. On apprend à devenir présent. À distinguer ce qui relève du réel, de ce qui relève de notre projection.
Et à poser un regard lucide et bienveillant sur ce que l’on vit, en se replaçant au centre de son propre processus émotionnel.
Ce que je vous propose ici, c’est une application concrète de cette lucidité incarnée. Une invitation à observer finement comment nos pensées façonnent nos émotions, et comment, en apprenant à les reconnaître avec clarté et présence, on peut retrouver du pouvoir sur nos réactions — et donc, sur notre paix intérieure.
1 - Ce qui s'est passé est différent de ce que j'ai vécu.
"Fait"
C’est l’événement objectif : ce qui pourrait être filmé, relaté sans interprétation.
Exemple : « Mon amie ne m’a pas répondu depuis 2 jours. »
"Pensée"
C’est mon interprétation, le sens que je donne à ce fait.
Exemple : « Elle m’ignore. Elle doit m’en vouloir. »
Dès qu’on passe du fait à la pensée, on quitte l’universel pour entrer dans l’intime, le subjectif, souvent teinté par nos expériences passées, nos blessures, nos croyances. C’est là que la réalité bascule. Non pas dans ce qui est, mais dans ce qu’on pense que c’est
2 - Ce sont nos pensées qui créent notre réalité émotionnelle
"Émotion"
Elle ne vient pas directement du fait. Elle vient de la pensée. De ce que l’on s’est raconté.
Exemple : si je pense qu’elle m’ignore, je ressens de la tristesse, de la colère, de l’insécurité.
Mais si je pense qu’elle est peut-être débordée ou préoccupée, Je ressens de l’inquiétude, ou même de la compassion.
L’émotion n’est jamais purement objective. Elle est le fruit de notre interprétation du monde.3
3 - Et nos comportements suivent nos émotions
"Réaction"
Nos actions — ou nos blocages — viennent des émotions ressenties.
Exemple : Je m’éloigne. Je rumine. Je me ferme.
Et souvent, je crois que l’autre est responsable de ma réaction, alors que ce sont mes propres pensées qui ont mis la machine en route.
4 - Un exemple simple et révélateur
Fait : Mon collègue ne m’a pas salué ce matin.
🔸 Pensée A : « Il est froid, il m’en veut. »
🔸 Émotion A : Malaise, repli, culpabilité.
🔸 Réaction A : Je l’évite, je m’autocritique.
🔹 Pensée B : « Il est préoccupé, peut-être qu’il a des soucis. »
🔹 Émotion B : Inquiétude, ouverture.
🔹 Réaction B : Je lui propose un café.
Même fait. Deux vécus intérieurs radicalement différents. Parce que tout dépend de la pensée qui s’invite après le fait.
5 - Reprendre le pouvoir : travailler au niveau de la pensée
Nous ne pouvons pas toujours agir sur les faits. Mais nous pouvons apprendre à observer nos pensées, à revenir à ce qui est le plus factuel possible, à ne pas confondre nos interprétations avec la réalité.
Ce n’est pas refouler nos émotions. C’est reconnaître qu’elles naissent d’un filtre mental, et que ce filtre peut être questionné, ajusté, adouci.
6 - Se poser les bonnes questions
La prochaine fois qu’un malaise surgit, tu peux te demander :
1. Quel est le fait brut, tel qu’il s’est passé ?
2. Quelle est la pensée qui m’est venue immédiatement ?
3. Quelle émotion cette pensée a-t-elle déclenchée ?
4. Quel comportement ai-je adopté en réponse ?
5. Est-ce que cette pensée est la seule possible ? Est-ce qu’elle m’aide ?
En conclusion :
Revenir au fait.
Observer la pensée.
Nommer l’émotion.
Choisir sa réaction.
Ce n’est pas toujours simple. Mais c’est là que réside notre pouvoir intérieur.
Et si ce pouvoir te paraît loin aujourd’hui, commence simplement par l’observer. C’est déjà une manière d’en reprendre la main.
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