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Comprendre les fonctions exécutives dans la petite-enfance
Les fonctions exécutives (FE) sont des compétences cognitives dites « supérieures » qui permettent à l’enfant d’organiser ses actions, de réguler ses émotions et d’adapter son comportement à la situation. On parle souvent d’un chef d’orchestre du cerveau, ou de « tour de contrôle mentale ».
Elles se construisent très tôt, dès les premières années de vie, et conditionnent une grande partie de notre capacité à apprendre, à entrer en relation et à vivre en groupe.
Chez l’enfant de moins de 3 ans, on distingue principalement trois fonctions exécutives :
Le contrôle inhibiteur : capacité à retenir une impulsion, à attendre, à ne pas agir immédiatement.
La mémoire de travail : capacité à garder une information en tête le temps de la manipuler mentalement.
La flexibilité cognitive : capacité à changer de perspective, à passer d’une idée à une autre sans se désorganiser.
Pourquoi les fonctions exécutives dans la petite-enfance c'est essentiel ?
Les fonctions exécutives ne sont pas des compétences scolaires ou secondaires. Elles sont le socle de l’autonomie, de la régulation émotionnelle et de l’aisance dans les apprentissages. Dès la petite-enfance , elles jouent un rôle décisif.
Elles permettent à l’enfant de :
Gagner en autonomie, en organisant ses actions, en anticipant, en ajustant ses comportements.
Mieux vivre les interactions sociales, en comprenant peu à peu les règles implicites, en gérant ses frustrations, en prenant en compte les autres.
Entrer plus facilement dans les futurs apprentissages, en mobilisant son attention, en suivant des consignes, en gardant une trace mentale des expériences vécues.
En France, l’intérêt du secteur petite enfance pour les fonctions exécutives s’est accru depuis la parution de rapports comme celui du Conseil scientifique de l’Éducation nationale (2022) sur le développement de la pensée critique, qui commence dès le plus jeune âge.
Comment favoriser leur développement chez les moins de 3 ans...
Les professionnelles de la petite enfance jouent un rôle clé. Bien souvent, elles font déjà beaucoup… mais sans toujours avoir conscience de ce qu’elles soutiennent en profondeur. Comprendre l’enjeu des FE permet d’agir avec plus de justesse et de cohérence.
Voici 4 leviers concrets et puissants :
Encourager le jeu symbolique et les activités de la vie quotidienne
Jouer à nourrir une poupée, à faire semblant, aider à mettre la table, trier les chaussettes, arroser une plante… : ces expériences nourrissent la planification, la mémoire et la souplesse mentale.Créer un environnement structuré et prévisible
Les repères visuels, les routines, les transitions ritualisées offrent à l’enfant une sécurité qui libère sa capacité d’anticipation et de régulation.Proposer des jeux qui ouvrent et ferment des boucles mentales
Cache-cache, jeux de séquence simple, jeux de consigne (« tape une fois, puis lève les bras ») sollicitent la mémoire de travail et l’inhibition.
(Voir formation « Neurosciences et petite enfance »)Modéliser et verbaliser les processus mentaux
Dire à voix haute ce qu’on fait, réfléchir à voix haute devant l’enfant, décrire nos stratégies, l’aider à mettre en mots ce qu’il vit… permet de poser les premières pierres du langage intérieur.
Quels enfants sont les plus à risques de rencontrer des difficultés avec les fonctions éxécutives ?
Certains enfants ont un terrain plus vulnérable pour développer leurs fonctions exécutives. Cela ne signifie pas qu’ils sont « en retard » ou « en difficulté », mais qu’ils auront besoin d’un accompagnement plus explicite, plus ajusté.
Soyons particulièrement attentifs à :
Les enfants nés prématurément ou ayant eu un début de vie médicalisé
Les enfants exposés à un stress chronique, une instabilité familiale, une précarité importante
Les enfants ayant un retard ou un trouble du langage
Les enfants porteurs d’un trouble neurodéveloppemental (TSA, TDAH, troubles spécifiques du langage)
Les enfants ayant manqué d’interactions stables et riches dans les deux premières années
Les publications du ministère de la Santé (notamment le rapport “Agir dès les premiers pas”, 2020) rappellent que les conditions d’environnement relationnel jouent un rôle déterminant dans la maturation des réseaux neuronaux impliqués dans ces fonctions.
Et si on ne les soutient pas suffisament ?
Un développement insuffisant des fonctions exécutives dans la petite-enfance peut entraîner :
-
Une faible estime de soi : l’enfant se sent vite en échec, se juge incapable, évite les défis.
-
Des troubles du comportement : impulsivité, agitation, repli, difficulté à respecter les règles.
-
Des difficultés d’apprentissage : manque de concentration, difficulté à comprendre et à suivre une consigne, désorganisation dans le jeu ou les tâches.
Ces difficultés peuvent être mal interprétées comme de la “malveillance”, de la “paresse” ou de la “provocation”, alors qu’elles traduisent en réalité une immaturité dans les régulations internes.
Pour conclure
Accompagner les fonctions exécutives dans la petite-enfance, ce n’est pas en faire un objectif en soi.
C’est donner du sens à nos gestes du quotidien, pour soutenir en profondeur le développement du jeune enfant.
Chaque jeu proposé, chaque routine ritualisée, chaque phrase prononcée est l’occasion de renforcer les bases d’un fonctionnement mental souple, stable et autonome.
Et plus nous en prenons conscience, plus notre posture professionnelle gagne en cohérence et en puissance.
Je propose des journées pédagogiques sur ce thème, ainsi que des formations en ligne pour les professionnel·les qui accompagnent – de près ou de loin – le développement des jeunes enfants.
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