FORMATIONS PAS A PAS

Le piège de l’encyclopédisme en formation

Le piège de l'encyclopédisme

Quand on démarre comme formateur ou formatrice, il y a un écueil fréquent : celui de vouloir tout dire, tout montrer, tout transmettre.
Dans un excès de générosité ou de légitimation, on se sent obligé·e d’apporter un maximum de connaissances. On en oublie parfois qu’une formation n’est pas une encyclopédie ambulante, et qu’il ne s’agit pas de prouver que l’on sait, mais d’accompagner un processus d’apprentissage.

Dans cet article, j’aimerais déconstruire ce réflexe — courant, mais contre-productif — d’un “trop-plein” de contenus. Et rappeler ce qu’est vraiment la posture juste du ou de la formateur·rice : une posture ajustée, à l’écoute, au service du développement de l’autre, et non de la validation de soi.

1. Quand l’empilement de savoirs devient un mécanisme de défense

Derrière l’encyclopédisme pédagogique se cache souvent une peur : celle de ne pas être perçu·e comme légitime.
Le ou la formateur·rice débutant·e — parfois même expérimenté·e — peut avoir tendance à remplir les temps de parole pour ne pas laisser de place au doute. Iel surinvestit les contenus pour éviter les questions auxquelles iel ne saurait répondre.
Iel donne des chiffres, des références, des exemples, des études… et finit par perdre le fil de l’essentiel : la relation pédagogique.

Ce réflexe d’abondance peut sembler rassurant : “plus j’en donne, mieux c’est”. Mais en réalité, il empêche souvent la respiration nécessaire à l’intégration. Et il peut même produire un effet contraire à celui recherché : les apprenant·es décrochent, se sentent noyé·es ou frustré·es, ou encore intimidés par un discours qu’iels ne peuvent pas s’approprier.

2. Une formation n’est pas un cours magistral : la pédagogie est un art de l’ajustement

Former, ce n’est pas tout dire. C’est choisir quoi dire, quand le dire, à qui et pourquoi.
La formation n’est pas un exercice de démonstration intellectuelle : c’est un acte de présence, de discernement et de clarté. Il s’agit de transmettre des repères, pas des bibliothèques ; d’aider l’autre à se saisir d’un sujet, pas de le survoler de façon impressionnante.

La vraie question à se poser n’est pas : qu’est-ce que je pourrais dire ?
Mais : qu’est-ce qui est nécessaire, ici, maintenant, pour que la personne en formation avance dans sa réflexion, sa posture ou sa pratique ?

Ce renversement de perspective est fondamental. Il implique de renoncer à la tentation de l’exhaustivité, pour oser la clarté et l’intentionnalité.
Une formation efficace n’est pas celle où “tout a été dit”. C’est celle où l’essentiel a été entendu, compris, questionné et mis en mouvement.

3. L’écoute active : cœur du métier, boussole de l’ajustement

Ce que le ou la formateur·rice doit cultiver avant tout, c’est l’écoute.
Pas seulement l’écoute des mots, mais aussi celle des besoins implicites, des résistances, des incompréhensions et des élans.

L’écoute active permet de répondre à ce qui est vivant, plutôt que de dérouler un programme figé. Elle donne au ou à la formateur·rice une posture souple et réactive, qui s’ajuste en fonction du groupe, du moment, du niveau de fatigue ou du rythme de compréhension.

Là où l’encyclopédisme impose un contenu hors-sol, l’écoute permet une transmission incarnée. Elle transforme la posture : on ne cherche plus à convaincre, mais à accompagner un mouvement d’appropriation.

Et cela demande un vrai travail sur soi : accepter de ne pas tout dire, de ne pas tout “tenir”, de ne pas tout maîtriser. C’est cela aussi, la maturité pédagogique.

4. Le piège du “trop court” : ou comment la frustration peut être le signe d’une pédagogie mal dosée

Tous les formateur·rices l’ont déjà entendu :
“C’était super, mais trop court.”
“On aurait aimé aller plus loin.”

C’est parfois un compliment… mais cela peut aussi révéler une frustration mal gérée.
Quand on donne trop d’informations, on ouvre trop de portes sans permettre aux participant·es d’entrer vraiment dans aucune. On les laisse avec le sentiment qu’il manque quelque chose… sans qu’iels puissent nommer quoi.

En réalité, ce n’est pas le temps qui manque, mais l’espace pour intégrer.
Vouloir trop dire, trop faire, trop prouver, c’est courir après une illusion : celle que la richesse d’une formation se mesure à la densité des contenus.
La vérité, c’est que plus on veut “tout faire tenir”, moins on laisse de place à l’essentiel : la compréhension, l’appropriation, l’envie de creuser par soi-même.

5. Une posture juste : ni démonstrative, ni réductrice, mais accompagnante

Alors, que fait-on ? On se recentre. On revient à ce qui compte :

  • À quoi sert cette formation ?

  • Que doivent en retirer les participant·es ?

  • Qu’est-ce qui est juste à transmettre aujourd’hui ?

  • Et surtout : qu’est-ce que je souhaite que les stagiaires puissent faire, penser, changer ou ressentir à l’issue de cette séquence ?

Un·e bon·ne formateur·rice ne donne pas tout : iel donne des clés, ouvre des pistes, suscite des prises de conscience.
Iel ne cherche pas à clore un sujet, mais à éveiller un mouvement.

Et cela passe par une posture exigeante, mais humble.
Une posture qui sait que l’on n’a jamais fini d’apprendre, même sur un sujet que l’on enseigne. Et que ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on sait… mais ce que l’on permet à l’autre de découvrir.

En conclusion : transmettre, ce n’est pas démontrer — c’est relier

Le métier de formateur·rice ne se joue pas sur la quantité de contenus délivrés.
Il se joue dans la qualité du lien que l’on établit avec les apprenant·es :
un lien qui permet la transmission, pas l’admiration ;
un lien qui rend l’autre acteur·rice de son chemin, et non simple réceptacle d’un savoir prêt-à-consommer.

Alors non, une formation n’est pas un résumé de thèse. Ce n’est pas une conférence fleuve. Ce n’est pas un inventaire.
C’est une expérience partagée, une dynamique d’apprentissage, une rencontre vivante.
Et cette rencontre ne se nourrit pas de tout ce que l’on sait.
Elle se nourrit de ce que l’on choisit d’offrir, en conscience.

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